Colombeia

Les Rois de Castille et d’Aragon ne l’ont que trop bien senti; ils ont vu qu’ils ne pouvaient trouver dans le Droit des gens aucune cause, aucun motif plausible qui put colorer leur prise de possession, c’est-à-dire, déguiser leur usurpation; aussi se sont-ils bornés à alléguer comme seul et unique titre la donation d’un Pape, espagnol comme eux. II est donc de toute évidence que les Espagnols n’ont pas eu l’ombre d’un prétexte pour porter la guerre et ses affreux ravages sur le continent américain. II est également démontré qu’ils n’ont point fait une guerre en forme; leurs hostilités étaient donc des injustices, leurs victoires des assassinats, leurs conquêtes des vols, des rapines et des brigandages; des flots de sang innocent coulant de toutes parts, des villes brulées ou saccagées, des provinces ravagées et détruites; voila leurs exploits; ils ont fait et font encore frémir l’Europe; mais l’éternelle Providence est enfin lasse de tant de forfaits, et c’est à vous mes frères et compagnons d’armes, qu’elle a réservé d’en terminer l’abominable cours. Confondus et réduits au silence sur cette importante question: les sinistres avocats de la Cour d’Espagne se sauvent dans leur dernier retranchement; ils disent enfin: eh! comment avez-vous renversé le gouvernement de S.M.C. lorsqu’une prescription de trois cents années lui donne sur vous et sur vos biens des droits légitimes? Mais Vattel, et le sens commun avant lui, ont répondu à ces misérables défenseurs de l’usurpation et de la tyrannie. « Le souverain, disent-ils, qui, se
Los reyes de Castilla y Aragón muy bien lo han percibido, han visto que no podían hallar en el Derecho de las gentes ninguna causa, ningún motivo posible que pudiese matizar su toma de posesión, es decir, disfrazar su usurpación; así, se han limitado a alegar como único título la donación de un Papa, español como ellos. Es entonces totalmente evidente que los españoles no han tenido ni la sombra de un pretexto para llevar la guerra y sus espantosos estragos al continente americano. Está igualmente demostrado que ellos no han hecho ninguna guerra en debida forma. Sus hostilidades han sido entonces injusticias; sus victorias, asesinatos; sus conquistas, robos, rapiñas y bandidaje; mares de sangre inocente corriendo por doquier, villas incendiadas o saqueadas, provincias asoladas y destrozadas, he aquí sus hazañas. Han estremecido y siguen estremeciendo a la Europa, empero la eterna Providencia ya está harta de tantas fechorías y quiere que vosotros, hermanos míos y compañeros de armas, terminéis con este abominable derrotero. Confundidos y reducidos al silencio en tan importante asunto, los siniestros abogados de la Corte de España se repliegan en sus últimos reductos y terminan diciendo: Ay, ¿cómo habéis derrocado al gobierno de S.M.C., siendo que una prescripción de trescientos años le da derechos legítimos sobre vosotros y vuestros bienes? Pero Vattel, y antes que él el sentido común, han respondido a estos miserables defensores de la usurpación y la tiranía. Han dicho: “El soberano que, al pretender ser el dueño